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Plénière • 16h30-18h

• Horizons et politisations

 

Un pied dehors, un pied dedans – Diversité des rapports à l’Etat de la militance gaie et lesbienne en Israël
Vincent Palliez · Prix Delor 2012-2013

La militance gaie et lesbienne s’est, depuis 1988, de plus en plus institutionnalisée. La décriminalisation des pratiques homosexuelles a permis une activité militante ouverte et assumée. Les militant·e·s du pays se sont également saisi de toutes les structures d’opportunités politiques existantes. Certains sont restés dans le cadre de mouvements sociaux relativement spontanés, conjoncturels, et relativement peu structurés. D’autres ont établi des structures pérennes financièrement plus ou moins dépendantes des subventions étatiques. D’autres encore ont créé au sein des partis politiques les structures permettant le traitement des questions gaies et lesbiennes. Enfin, des militant-e-s ont su se faire élire à divers postes (de conseillère municipale à député) en tant que militants de leur cause sexuelle. Si l’évolution de la situation légale des populations gaies et lesbiennes en Israël est en bonne partie due à la mobilisation d’allié-e-s au sein des institutions, il faut par ailleurs bien que des militant-e-s gaies et lesbiennes puissent s’organiser et orchestrer cette mobilisation.

Cette recherche s’appuie sur un travail de mémoire sur les structures d’opportunités politiques utilisées dans le cadre de la militance gaie et lesbienne en Israël (ULB 2013). Nous nous pencherons ici plus sur la diversité des rapports avec l’Etat qu’on trouve dans cette toute aussi diverse militance, de la confrontation à l’entrisme.

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Les homosexuels en question de la Russie soviétique à la Russie d’aujourd’hui (1981-2014) : des « dissidents » sexuels ?
Arthur Clech · EHESS

Nous cherchons à décrire une généalogie des discours possibles des homosexuels de 1981 à aujourd’hui tout en remettant cette parole en perspective dans des discours publics qui font aujourd’hui, nous semble-t-il, de l’homosexuel le terroriste de la sexualité, de la famille, de la patrie et de la religion, en plus du « malade » et de l’« anormal » que l’on trouvait déjà dans les années 90. Toujours réduit·e·s à une figure menaçante, les homosexuel·le·s font question en Russie aujourd’hui comme hier en URSS sans jamais paraître constituer un « groupe social ». Afin de mettre en perspective le discours de ce que nous appelons les « dissidents sexuels », nous interrogeons de manière critique la périodisation que la législation déterminerait (dépénalisation de 1993, loi « anti-gay » de 2013) en nous fondant essentiellement sur des entretiens et des sources d’archives privées.

Cette périodisation est à questionner encore puisque nos entretiens avec les activistes LGBT nous laissent penser que la question homosexuelle est devenue une question clivante avant même la « pénalisation » partielle dont elle vient de faire l’objet. Cette loi est censée être orientée de prime abord contre les activistes LGBT. Pourtant, elle a pour le moment peu été utilisée contre eux. L’héritage soviétique semble se renouveler mais sans qu’il soit nécessaire de recourir systématiquement à des persécutions. Cette invisibilisation est comprise en termes de pacification : la violence est attribuée aux homosexuel(le)s qu’on prive de parole, de présence publique, afin de simplifier son identification à un stéréotype de terroriste sexuel. La question homosexuelle sèmerait le trouble et son évincement permettrait de nourrir le mythe d’une nation russe ressemblant à une famille sans histoire, sans conflits, sans crise avant que l’influence pernicieuse occidentale défasse le lien nationale dans les années 90. Cependant, réduire la Russie à l’autre homophobe, c’est aussi conforter en Russie le discours officiel et prétendument traditionnel, qui s’appuie aussi sur l’église orthodoxe, et selon lequel ce pays serait par essence hostile à « la démocratie sexuelle » occidentale.

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Le Cameroun : un paradigme de la politisation du genre et de l’homosexualité en Afrique Postcoloniale
Patrick Awondo · IHEID

Au cours des deux dernières décennies, la question homosexuelle a pris une envergure nouvelle sur le continent Africain. Selon les contextes, les débats ont épousé des contours différents, même si les résultats en terme d’exclusion des minorités homosexuelles sont les mêmes. Ma communication reviendra sur cette émergence violente du débat public sur l’homosexualité avec un focus sur le cas du Cameroun. Mon hypothèse centrale pour lire l’irruption de la question homosexuelle est celle de la politisation du genre et de l’homosexualité ; elle suggère de considérer la montée en généralité de la problématique du genre et de la sexualité dans sa requalification en terme politique, c’est-à-dire comme des questions publiques interrogeant des intérêts et des normes communes. Il s’agit donc moins de s’arrêter sur les effets du débat que sur le processus qui y a conduit pour souligner le caractère global des situations locales.

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• Modération  : Bruno Selun · European Parliament Intergroup on LGBT Rights

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Le Prix Delor vise à récompenser un travail de fin d’études, défendu dans toute discipline des sciences humaines et sociales ou dans les domaines des arts, de la communication et de la pédagogie, contribuant de manière originale à l’enrichissement des connaissances sur les questions et les cultures LGBTI (lesbiennes, gays, bi, trans et intersexué-e-s). L’objectif du prix est d’encourager les travaux réalisés autour de cette thématique et d’accroître leur visibilité et leur légitimité. Le jury se compose de membres de la Coordination Holebi Bruxelles et d’Arc-en-Ciel Wallonie ainsi que des représentant·e·s du monde académique de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

http://arcenciel-wallonie.be/web/acw/prix-du-memoire