En Belgique, les hommes ayant (eu) des relations sexuelles avec d’autre(s) homme(s), les HSH, ne peuvent pas donner leur sang. Le questionnaire d’évaluation des comportements à risque de la Croix Rouge est on ne peut plus clair à ce sujet. Pourtant, être HSH ne désigne pas un comportement à risque, mais bien une orientation sexuelle ! Pourquoi cette exclusion ? Se base-t-elle sur des raisons légales ou médicales pertinentes ?

 

Donation non Discrimination

 

Que dit la loi ?

Pour justifier l’exclusion des HSH au don de sang, les autorités médicales belges disent se baser sur l’arrêté royal du 1er février 2005. Il y est stipulé que les personnes ayant un comportement qui les exposent au risque de contracter des maladies infectieuses graves transmissibles par le sang ne peuvent pas faire de don. C’est pourquoi la Croix Rouge exclut plusieurs catégories de personnes : celles qui se droguent, celles qui ont de nombreux/ses partenaire.s sexuel.le.s… et les hommes qui ont (eu) des relations sexuelles avec d’autre(s) ! Ils/Elles ne peuvent pas donner leur sang jusqu’à l’arrêt du comportement à risque. Suivant cette logique, les HSH sont exclus de manière permanente.

Pourtant, l’arrêté royal du 1er février 2005 parle de comportements, et non pas d’orientations sexuelles. Ainsi, il n’y a, en Belgique, de lois qui interdisent aux HSH de donner leur sang. Pas de bases légales donc. Qu’en est-il des bases médicales ? Sont-elles pertinentes ?

 

Que dit le secteur de la santé ?

Pour les professionnel.le.s de la santé, l’exclusion des HSH se justifie par la prévalence du SIDA dans cette « population ». Autrement dit, il y aurait un risque plus grand d’y être contaminé que dans la population hétérosexuelle. Ce qui inquiète alors, c’est la fenêtre « silencieuse ». C’est-à-dire, cette période de 22 jours après une contamination où le virus est indétectable au test. Les autorités médicales craignent une augmentation du risque que du sang contaminé « passe entre les mailles du filet ».

 

Que disent les CHEFF ?

Pourtant, l’interdiction au don n’est pas une réponse adéquate à ce problème. Premièrement parce que les HSH ne constituent pas une population homogène. Elle est composée d’individus qui ont des pratiques sexuelles (et des relations affectives) diverses, dont certaines pour certains sont à risque. Exclure tout le monde n’est donc pas pertinent et est stigmatisant. Deuxièmement parce qu’il n’existe pas encore de données fiables sur les populations HSH qui justifierait cette interdiction.

C’est pourquoi il importe plutôt de s’assurer qu’il n’existe pas de techniques plus efficaces (et moins stigmatisantes) de détection : mise en quarantaine du sang sur la durée de la fenêtre silencieuse ; révision du questionnaire soumis aux candidats donneurs pour mieux cibler le comportement à risque ; réduction de la durée d’exclusion. L’Espagne, l’Italie et le Portugal ont d’ailleurs passé le pas !

Les CHEFF réclament donc que des études pertinentes, avec des données fiables, soient réalisées. Et, ce, bien plus dans une optique de prévention des risques que d’exclusion des personnes. Ils réclament également que des techniques plus efficaces (et moins stigmatisantes) de détection soient mises sur pied. Pour les CHEFF, la réalisation de ces démarches est nécessaire et fondamentale, car en finir avec une stigmatisation, c’est lutter contre les discriminations qui en découlent.

 

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