Moi, un mec blanc, je suis victime de discrimination.
J’imagine déjà votre sourire en coin… Et la réaction de certain.e.s.

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Mais si, c’est bel et bien possible! En effet, il se fait que je viens de finir mes études, et du coup, je suis à la recherche d’un emploi, comme n’importe quelle personne dans mon cas. Malheureusement, je n’ai pas choisi le secteur le moins bouché : le culturel. Du coup, je tente de trouver un emploi alimentaire et stable en attendant que ma carrière de maquilleur ne démarre.

Un beau jour d’août, je décide donc d’aller déposer des CV en mains propres dans différentes boutiques de cosmétiques et de beauté. Je parviens même à décrocher un entretien avec la directrice d’une boutique appartenant à une chaîne française bien connue, au prénom masculin et au nom minéral, située à Bruxelles. Le jour de l’entretien, je me présente à l’heure, sur mon 31, parfumé, coiffé, laqué,… Bref, canon quoi.

 

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L’entretien se passe. Bien. Je corresponds à l’annonce. Je repars, souriant, avec l’espoir de décrocher le job. Mais je tombe assez vite de mon petit nuage, puisque deux jours plus tard, je reçois un appel de la gérante qui me dit que je ne serai pas pris. La raison ? Je suis un garçon. Je vous laisse imaginer ma tête.

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Eh oui, on parle souvent de la discrimination à l’embauche à l’encontre des femmes (pour les postes à responsabilités en général), des personnes de couleur ou ayant un nom à consonance arabe,… À juste titre, évidemment. Mais on ne parle que très rarement de la discrimination à l’embauche des hommes pour les métiers qualifiés de « féminins ».

Sans doute dans l’imaginaire collectif y a-t-il cette idée que seules les femmes prennent soin d’elles et que le bien-être, c’est un truc de filles. C’est sûr que les mecs adorent avoir une peau remplie de boutons ou assez grasse pour racler le sébum de leur front tous les matins… On pense, à tort, qu’un mec prend moins soin de lui, n’a pas le sens des harmonies des couleurs, n’est pas sensible… Même dans cette enseigne spécialisée, ils semblent penser qu’un garçon ne penserait jamais à faire des études de maquilleur, ni à postuler chez eux, ni qu’il conviendrait très bien comme vendeur conseiller (même s’il préférait être sur un plateau de tournage…). Bref, ce merveilleux organe qu’est le pénis dont je suis pourvu me procure beaucoup d’avantages la plupart du temps, je l’avoue, mais dans ce cas-ci a conditionné mon exclusion parce que j’exerce un métier « de fille ». Le comble de l’ironie, c’est que, comme déjà mentionné, l’enseigne porte le nom d’un homme ! On imagine donc que le créateur de la marque se passionnait pour la beauté et pourtant c’est un mec, non ?

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Bref. Sur les conseils de plusieurs personnes, je décide de téléphoner au service de l’égalité des chances. 36 minutes d’attente et 1 cancer de l’oreille plus tard, j’ai enfin quelqu’un qui décroche et me demande ce que je veux.

Je lui explique en bref la situation, et lui demande si tout cela est bien légal. La personne au bout du fil me dit que, pour avoir une réponse, je dois envoyer un e-mail à la centrale de l’égalité des chances et que quelqu’un de plus compétant me répondra (pourtant ça me semble assez facile, pour un.e avocat.e, de déterminer si cela est légal ou pas). Je rédige donc un mail puis reçois une réponse, sans doute automatique, où il m’est demandé de réécrire ma demande à la main et d’envoyer par scanner une copie de ma carte d’identité recto/verso avec ma signature. J’avoue, ça m’a pas mal découragé.

Conclusion : il faut parfois un événement comme celui-ci pour se rendre compte qu’on est tous victimes du patriarcat et des rôles genrés formatés.

Cyrill du CHEL