Morgane, Jonas et Jordan partagent un point commun : leur expérience professionnelle en milieu scolaire. C’est pour eux l’occasion d’apporter un éclairage à propos de la vie d’un·e enseignant·e LGBTQI à l’heure actuelle.

 

La formation des enseignants, qu’elle soit organisée en haute école ou à l’université, n’envisage pas les questions de l’orientation sexuelle, de l’identité et de l’expression de genre. Ce sont donc de futur·e·s professionnel·le·s qui souffrent d’un manque de connaissances sur ces sujets qui, quoi qu’on en dise, relèvent d’une actualité toujours aussi sensible. D’une part, les jeunes concerné·e·s n’ont pas d’autre choix que de se construire seul·e·s, avec le risque de développer idées reçues et préjugés. D’autre part, leurs collègues en devenir se trouvent tout aussi dépourvu·e·s face à des questions qui pourraient voir le jour dans leurs classes. En vérité, nous nous sommes souvent retrouvé·e·s garant·e·s d’un discours intelligent sur les LGBTQI, fidèles à nos engagements associatifs.

 

« Nous avons en souvenir ce cours intitulé Approche pratique de la diversité culturelle et la dimension du genre dans lequel nous nous sommes concentré·e·s sur les publics primo-arrivants. Jamais nous n’avons abordé le sujet des diversités de genre et d’orientations sexuelles. » Jordan et Morgane

 

école

De la difficulté de s’afficher…
Si le mot stage en effraie plus d’un·e, ce n’est pas pareil lorsque l’on est un·e jeune LGBTQI. Il y a autant de situations qu’il y a de personnes. Cependant, tout au long de nos trois parcours, nous avons pu observer une tendance au silence, à la discrétion, voire à la négation, par esprit de survie en milieu hostile…

 

« Je n’ai jamais osé aborder ouvertement le sujet de mon orientation sexuelle avec mes maitres de stage et encore moins avec mes classes. C’était d’ailleurs plus par peur que par volonté de ne pas empiéter sur le programme et le désir d’assurer l’instruction et non d’éducation … » Jordan

Au-delà de l’expérience de stage, un serment de Socrate récité (si, si, cela existe) et un diplôme durement acquis, nous nous engageons dans les prémices d’une carrière qui s’annonce pétillante. Le travail d’un·e enseignant·e n’est pas solitaire, au contraire : la salle des professeur·e·s est bien souvent un lieu d’échanges de pratiques et d’expériences bienvenues. Cependant, il n’est pas exceptionnel d’entendre des réflexions dignes d’une cour de récréation :

« On a souvent l’impression que les professeur·e·s sont supposé·e·s être plus éclairé·e·s que la moyenne des gens, mais il n’en esvaleurs écolet rien. Lorsque j’étais jeune prof, les remarques et les messes basses homophobes étaient légion, surtout envers les collègues qui étaient soupçonnés d’être de l’autre bord. Par ailleurs, j’ai eu le sentiment à plusieurs reprises que les profs ne voulaient pas se pencher sur les questions liées à l’orientation sexuelle et à la diversité de genre. J’en veux pour preuve l’énorme désintérêt qu’ont exprimé certain·e·s face à la campagne de sensibilisation de l’IEFH (Institut pour l’Egalité des Femmes et des Hommes) contre les stéréotypes homophobes et transphobes. Les salles de classe doivent encore être remplies de dépliants… » Jonas

Il y a encore du travail avant que le monde enseignant ne soit à la pointe des avancées sociétales. Comme Jonas, ne nous décourageons pas :

« Je ne suis plus prof pour le moment, mais je compte le devenir à nouveau. Je pense sincèrement que j’ai adopté la mauvaise attitude en faisant profil bas. J’espère être un peu plus moi-même face à l’école. J’ai été dans le placard pendant 17 ans de ma vie et je n’ai plus forcément envie d’y retourner, n’en déplaise à certain·e·s, profs ou élèves. » Jonas

Morgane, Jonas et Jordan, membres du CHE et du CHEL