Call Me By Your Name est à la base un roman (dont je n’ai encore lu que les premières pages, mais que j’aime déjà beaucoup) écrit par André Aciman ; il a été adapté en film par Luca Guadagnino.

Sous les températures méditerranéennes estivales, une romance se dessine alors même qu’elle est vouée à prendre fin six semaines après avoir vu le jour. C’est celle d’un adolescent de dix-sept ans, celle d’un étudiant américain préparant son doctorat : c’est celle deux personnages dès le début attachants, Elio et Oliver, qui nous transportent peut-être consciemment dans ce petit coin de paradis italien où naît leur amour.

Alors je ne vais pas beaucoup vous parler de l’histoire, car elle est en elle-même est un petit joyau dont la découverte par soi-même fait augmenter le plaisir de manière exponentielle à chaque minute qui passe. Parlons plutôt de tout ce qui fait de Call Me By Your Name un des films incontournables, selon moi, de cette année.

Tout d’abord, dans cette œuvre, l’amour qui y est peint est l’amour classique, fulgurant, mille et une fois abordé dans les œuvres romantiques, et en même temps c’est un amour présenté d’une manière telle qu’il nous apparaît comme totalement nouveau, revisité. Guadagnino réussit ici à nous faire redécouvrir le coup de foudre et toute la poésie qui l’entoure, se laissant parfois glisser dans les vieux clichés pour mieux sortir, toujours avec brio, des sentiers battus.

Ensuite, un autre point qu’on ne peut négliger est évidemment les acteurs et, surtout, leur jeu. Timothée Chalamet (Elio) et Armie Hammer (Oliver) sont réalistes et crédibles, à un point tel qu’en sortant de la salle je me suis demandé ce qu’il était advenu de leurs personnages respectifs, s’il n’y avait pas des articles de presse à leur sujet, comme si le film m’avait relaté une histoire réelle. Les rires sont naturels, les larmes ne peuvent que provenir d’une douleur profonde et sincère qui n’aurait rien de fictif. C’est beau, émouvant : ça donne une force de plus à l’œuvre.

Par ailleurs, le cadre où évoluent Elio, Oliver ainsi que leur famille, amis et voisins est tout simplement enchanteur. C’est situé en Italie, mais sans plus de précision pour le spectateur. Un point fort de cette représentation est que ce n’est pas l’Italie comme on peut la percevoir dans l’art « de masse », mais plutôt l’Italie authentique, où on ne mange pas de pizzas ou des pâtes à chaque repas (je n’en ai pas vu l’ombre, d’ailleurs), où il fait simplement bon de vivre. Sans oublier la magnifique villa dont la famille d’Elio a hérité, où les personnages principaux passent leur été. Là-bas, l’art est omniprésent, autant musical que visuel, ajoutant une touche colorée, volatile, à ce film.

Je terminerai ma critique en mettant en avant l’aspect linguistique de la version originale. Certes, ce n’est pas le point le plus important, mais c’est tout de même un élément non-négligeable du film. En effet, les spectateurs ayant eu/qui auront l’opportunité et la chance de voir ce film en « VO » se sont retrouvés/se retrouveront dans un délicieux univers mélangeant italien, anglais et français avec une minsucule touche d’allemand (sous-titré évidemment). C’est une sorte de prolongement de ce cadre merveilleux où évoluent les personnages, comme une extension. Nous ne nous retrouvons pas seulement plongés, mais totalement immergés dans l’univers d’Aciman et de Guadagnino.

Pour conclure, Call Me By Your Name n’est pas seulement un film plusieurs fois récompensé – il a reçu, entre autres prix et nominations, l’Oscar de la Meilleure Adaptation – mais surtout une œuvre touchante, non seulement par l’approche de l’amour qui y est retranscrit mais aussi et surtout par les acteurs qui animent ce dernier. Le cadre de l’histoire et les multiples langues parlées tout au long du récit complètent ce tableau d’une remarquable beauté, faisant de lui une petite perle d’évasion et de romance.

Par Aurélie, membre du CHEL – Critique cinéma publiée dans le Rédac’CHEFF, n° 9 [Hiver 2017 – Printemps 2018], p. 28.