Le 3 janvier, je suis allé à la Commune de Namur pour faire changer ce petit « F » sur ma carte d’identité qui me pourrit la vie en tant que personne trans… Remis de mes émotions après avoir accompli la première partie des démarches sous les feux des projecteurs, je vous raconte l’expérience from the inside (tout est plus cool en anglais, isnt’ it ?).

Maxence papiers

Trois tickets pour le prix d’un

Nouvelle loi, nouvelle procédure : c’est une toute nouvelle compétence pour les communes et j’arrive donc à l’accueil sans aucune idée de quel service dépend cette procédure ; je sais seulement que chaque commune est libre de décider à qui elle confie la tâche.

En sollicitant le service d’accueil, je m’aperçois qu’elleux non plus ne sont pas encore tout à fait prêt.e.s : la dame de l’accueil me tend d’abord un ticket pour le service population, parce qu’elle croit que je viens déjà chercher ma nouvelle carte d’identité (ce qui est impossible, vu que la loi est à peine en application). Quand je lui explique que je viens signer la première déclaration, j’ai droit à un deuxième ticket pour le service naissance.

Comme je suis accompagné de journalistes, nous avons affaire à un responsable qui veut vérifier que nous avons les autorisations nécessaires pour filmer (comme cette question vous tient en haleine : oui, on avait les autorisations). Il en profite pour me demander si on m’avait envoyé vers le bon service, va se renseigner et découvre qu’en fait, je ne dois pas aller au service naissance, mais bien au service mariage : troisième ticket ! Je trouve cela bizarre d’attendre au service mariage, mais en soi ce n’est pas une mauvaise idée : le service est après tout responsable d’un autre changement d’état civil important.Maxence 6

En attendant mon numéro…

Pas de chance pour moi, comme cette loi est d’application depuis le 1er janvier et que nous sommes le premier jour d’ouverture de la commune, la salle d’attente est saturée de monde venu remplir ses bonnes résolutions administratives après les fêtes. L’attente est assez longue pour que je me demande cinquante-trois fois si cette fois c’est le bon service, ou si on va me transférer pour que recommence une partie de l’attente. J’appréhende aussi le moment du guichet : la personne sera-t-elle bienveillante, professionnelle et va-t-elle éviter de m’appeler madame en voyant ma carte d’identité ? (Ça m’est arrivé la veille dans un hôpital…). Ce serait le comble qu’on me donne le mauvais pronom en accomplissant les démarches pour que ma carte d’identité dise aussi « monsieur », mais je m’y attends : malheureusement les Maxence 4administrations sont souvent prises au piège dans leur rigueur procédurière et broient les personnes trans dans les rouages administratifs.

Après une heure et demie (!) d’attente, mon numéro apparaît enfin à l’écran et j’avance vers ma destinée (en vrai, juste vers le guichet 19 mais j’aime les formules grandiloquentes).

La procédure

Faux espoir et petite frayeur : comme je suis avec la télé, on me demande de plutôt être reçu par la chef de service, bureau juste à côté. Heureusement, cela ne dure que 5 minutes de plus, et finalement, je me dis que je préfère encore être reçu par la chef de service qui a peut-être mieux en tête la nouvelle loi, si elle a été briefée directement. Elle me reçoit avec un sourire, me reconnaît (elle était secrétaire de séance lors de mon mariage, ça ne s’invente pas : deux fois que cette dame joue un rôle dans un acte important de ma vie <3), prend ma carte d’identité et ne me donne ni du monsieur ni du madame. Elle me tend la déclaration à signer, m’explique ce que cette déclaration dit, me montre aussi les papiers qui l’accompagnent (une explication de la procédure imprimée et où trouver la brochure explicative du SPF Justice). Elle connaît bien la procédure : elle explique, ne juge pas, et surtout ne me demande aucun autre papier justificatif (nous vous rappelons qu’en effet, l’officier de l’état Civil n’a ni le droit de refuser l’enregistrement de votre demande ni le droit de vous demander des attestations médicales). Elle me remet l’accusé de réception que doit signer l’officier de l’état civil.Maxence 3

Et après ?

Après ces formalités, il ne me reste plus que trois choses à effectuer :

  • Revenir dans trois mois (entre trois mois et six mois) pour signer la seconde déclaration confirmant ce qui est inscrit dans la première ; je ne dois rien faire de spécifique avant la signature de la deuxième déclaration, mais le procureur du Roi a trois mois pour donner un éventuel avis négatif.
  • Etre heureux d’avoir accompli la première partie !
  • Trouver une chute à cet article…

Maxence, permanent des CHEFF