L’agenda du mois de janvier peut être téléchargé en cliquant ici. En voici l’éditorial.

Ce ne sont pas les Unes plus déprimantes les unes que les autres de nos quotidiens qui démentiront ce constat : nous sommes en « crise ». Celle-ci, multiple dans ses aspects, frappe hélas durement les jeunes. Désemparés par la situation du marché du travail, inquiets au vu des coupes budgétaires les concernant et, convenons-en, pour certains d’entre eux, parfois mal à l’aise devant diverses évolutions de notre société, des jeunes cherchent le salut politique dans des partis d’extrême-droite. En France, un sondage Polling Vox de novembre 2013 a ainsi révélé que 55% des jeunes de 18-24 ans n’excluaient pas de voter FN en mars prochain…
Et du côté des jeunes LGBTQI ? Considérés comme plus éveillés politiquement eu égard à leur statut de minorité, échappent-ils aux sirènes populistes ? Malheureusement, moins qu’avant. Comme leurs amis hétéros, ils sont fauchés par les certitudes illusoires assénées par les courants extrémistes. Bien sûr, le mouvement étudiant LGBTQI a depuis toujours entretenu des liens privilégiés avec certaines organisations « à gauche de la gauche ». Bien que cela soit problématique pour certains jeunes, cette situation peut se comprendre par une (relative) communauté de vues sur l’évolution des mœurs, basée sur un pari progressiste. Plus interpelante est la montée d’un sentiment de sympathie en faveur de l’extrême-droite auprès des jeunes LGBTQI. Toujours en France, une étude Ifop d’octobre 2013 l’a démontrée : la sympathie pour le FN est à peine moins forte dans l’électorat « gay » qu’en général…
Comment est-ce possible ? En effet, la philosophie même d’ouverture sur l’autre, en acceptant ses différences, portée à la fois par le secteur de la jeunesse et l’associatif LGBTQI est heurtée par les idées d’intolérance véhiculées par l’extrême-droite. Mais la bête est vicieuse : Pim Fortuyn et Jörg Haider sont aussi passés par là. Bien qu’un doctorat soit nécessaire pour clarifier tout cela, des pistes existent pour expliquer ce phénomène. D’une part, les jeunes LGBTQI sont sans doute plus susceptibles que d’autres de subir une agression, d’où une certaine adhésion aux discours sécuritaires. D’autre part, des jeunes LGBTQI peuvent à tort considérer l’Islam comme une menace envers leur mode de vie, d’où une certaine sympathie pour les discours hostiles à cette religion.
Admettre ces difficultés et tenter d’y apporter une solution pluraliste et alternative peut contribuer à y remédier. Pour guérir la peste, il faut en maîtriser les symptômes.

* Lesbiennes, gays, bi, trans, queers et intersexués

Maxime Lafosse,
Administrateur des CHEFF et président du CHEL