Compte-rendu d’un participant au voyage:

« Bien armés contre le froid, nous débarquons de l’avion. La destination des CHEFF, en ce mercredi 4 février 2015 ? Le Grand Nord ! Nous partons dix jours à la découverte du monde LGBTQI canadien, avec une question en tête: de quelle représentation bénéficie le mouvement dans la culture et les médias? Un voyage d’étude porteur de revendications pour notre communauté LGBTQI et porté par une équipe de 10 joyeux lurons belges, remplis d’ambitions.

Première étape : Québec

Notre première étape : la ville de Québec, où nous logeons dans une auberge dirigée par un hôtelier qui ressemble à s’y méprendre à un ancien taulard, mais qui est un maître pour réaliser les pancakes. Au cours de notre première escapade, nous rencontrons Olivier Poulin, ancien directeur de l’Alliance Arc-en-ciel. Filmé par notre caméraman de service, « Jonas numéro 2 », ce nounours charismatique nous dresse un premier état des lieux de la situation des personnes LGBTQI dans sa ville. Malgré certaines similitudes, le fossé qui sépare la Belgique et le Canada reste tout de même grand. Tabernacle ! Ils sont quand même bien en avance sur nous : Pride inclusive, contacts réguliers avec la presse régionale, espaces publics moins hermétiques aux  minorités sexuelles… On constate également notre retard au détour d’une banque locale qui délivre gratuitement à son entrée un magazine LGBTQI appelé « Sortie », une chose encore impensable chez nous !

Les CHEFF au Canada - GGUL

Ponctuées au rythme des selfies pris par Miguel, nos rencontres au Québec se succèdent : d’abord avec les rédactrices et le groupe de copines du web magazine LBT « Saphomag », ensuite avec le directeur artistique des Fêtes Arc-en-ciel, Alexandre Fecteau, enfin avec le Président du GGUL (Groupe Gai et Lesbien de l’Université de Laval), Simon Rioux. Au-delà du caractère purement professionnel de notre voyage, nous en profitons pour déguster de délicieuses poutines, mais également pour faire des arrêts et visiter la ville resplendissante de Québec. Personne sans doute n’oubliera notre sortie au « Drague » (un cabaret de spectacles de Drag-queens) où notre groupe, renommé « la gang des Belges », a bien fait jaser.

Montréal et sa vie trépidante

Le temps file et nous partons déjà en car vers la ville de Montréal pour rejoindre un appartement immense, situé près de l’inoubliable station de métro « Beaubien ». Le living de notre appart’ vit au rythme des rires de Thibaut, de nos préparations d’interviews, des discussions jusqu’à pas d’heures avec Betel et Caro, mais aussi de nos nombreuses danses auxquelles nous nous adonnons sous le rythme des chansons endiablées de Fyriel.

Nos rencontres à Montréal se révèlent très enrichissantes et drôles. C’est très tôt le matin, au cours de notre petit-déjeuner, que nous recevons la visite du podcaster Pierre-Luc Cloutier pour qui notre « padre » à tous, Jean Lou, aura un petit coup de cœur. Après son interview, celui-ci nous demande des suggestions de YouTubers francophones avec qui il pourrait nouer une collaboration ; il faudra suivre le dossier sur la toile de près ! Nous rencontrons également Matthieu Blanchard dans une brasserie, réalisateur de la série « Coming Out », qui tente de dépeindre de la manière la plus réaliste possible la vraie vie des personnes LGBTQI tout en sortant des clichés communautaires.

A côté de cela, nous rendons visite à Line Chamberland, directrice de la Chaire de lutte contre l’homophobie de l’UQAM avec qui nous abordons, entre autres, les alliances avec les syndicats, les dérives du sponsoring et la dépolitisation de la Pride montréalaise. Nous voyons ensuite Ross Higgins, responsable des archives gaies et lesbiennes, pour faire un saut dans l’histoire du monde LGBTQI montréalais. Nous rencontrons également la Réclame, un groupe d’intrépides qui lutte contre les dominations visibles dans le mouvement LGBTQI pour mettre d’autres choses sur le tapis ; parmi eux, se trouve la splendide Sophie Labelle (auteure de la très célèbre série « Assignée garçon »). Elle réalisera un dessin pour Philippe qui, depuis, le transporte toujours avec lui dans son sac. Même si le professionnalisme est de mise lors de nos interviews, il n’est pas toujours évident de rester concentrés face à nos interlocuteurs ; le « conseil LGBT » paiera ainsi le prix de notre absence de sommeil.

Montréal est également l’occasion de découvertes. C’est dans le quartier de Sainte-Catherine que nous découvrons, couvert de neige, le fameux « Village », véritable lieu de prédilection pour nos sorties, très connu pour ses endroits-phares (le « Gi&Joe », « Chez Mado »…). On profite également de la ville pour faire du shopping et visiter certains recoins avec Betel, Thibaut et Julien.

Mais hélas, il s’en vient déjà la fin. Au cours du voyage, Kevin s’est amusé à répéter : « This place is genious ». Oui, le Canada l’est véritablement. C’est avec tristesse, mais remplis de souvenirs, que nous repartons déjà vers l’Europe. Ce voyage nous a permis de mieux nous connaitre et de former des liens qui sont aujourd’hui indissolubles.  Lors de l’atterrissage à Paris, un coup de blues nous envahit : retour à la réalité. Les gens d’ici nous paraissent plus fades, contrairement à la bonhomie et au caractère enjoué de nos compères canadiens… Ô Canada, oui, tu nous manques déjà ! »

Jonas Van Acker