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Voici l’édito:

Pourquoi et comment le progrès ?

Nous avons tous notre idée du progrès. Nous avons tous également une vision propre de la manière d’amener ce progrès à son terme. Loin de la pure et simple définition saupoudrée d’étymologie latine — progrès vient tout de même de progredi « aller en avant » —, il est d’intérêt que le progrès ne soit pas uniquement une simple « marche en avant », pérégrination qui risquerait de nous envoyer droit dans le mur par manque de clairvoyance…
Il y a, à mon sens, deux sortes de progrès. Le premier, que j’appellerai le progrès « miroir » s’oppose au second que je nomme progrès « pensé ». Dans cette optique quelque peu manichéenne, les deux concepts se répondent, car radicalement différents.
Le progrès « miroir », c’est celui qui est peu réfléchi — paradoxalement —, peu discuté, voire imposé. Ce progrès qui ne repose que sur la nécessité de correspondre à un mouvement, une époque, une idéologie, voire, pire, à lui-même… C’est en effet le travers de l’idée de progrès et du progressisme : le risque de n’être alimenté que par la volonté de correspondre à son existence propre, de n’être motivé que pour lui seul. C’est, en résumé, une intention — biaisée, à mon sens — qui conduit à ce triste constat : la démarche n’était souhaitée que pour, par et avec le progrès. Comme d’un vœu (pieux ?) de voir se réaliser les choses pour elles-mêmes, sans le recul nécessaire à l’élaboration dudit projet.
À titre d’exemple, on pourrait rapprocher cette vision « miroir » de ces « idées progressistes » que l’on hisse en drapeau de victoire ou de bataille lorsqu’il s’agit de faire admettre(…)
Suite de l’éditorial
toute conception novatrice. De gré ou de force, la nouveauté devrait être souhaitée de toutes ses (nos) forces, car tout simplement nouvelle, fidèle à l’idée d’un progrès immédiat, peu discuté, trop peu commenté, mais si essentiel. Platon et sa grotte mystique ne sont jamais très loin…
A contrario, il y a le progrès « pensé ». Nourri par son essence-même, mais également par les débats qui le construisent, le sculptent. On peut en effet envisager ce second type de progrès comme étant une œuvre taillée, sculptée, polie, affinée au cours d’un long voyage dialogué, pensé, documenté et constructif. C’est pourquoi la recherche est d’une importance capitale dans une société se revendiquant du progressisme, mais également pour notre fédération et, plus largement, pour notre mouvement de jeunesse. Elle est, évidemment, essentielle à l’inspiration des nouvelles idées et nouveaux concepts qui ouvriront peut-être un jour une brèche dans la digue de nos pensées et sociétés. Mais le plus grand intérêt de cette recherche est également de porter en elle l’échec et la contradiction, car d’obédience scientifique. C’est là tout l’intérêt de prêter un œil et une oreille attentive à toutes nouveautés se présentant, mais également d’y prendre garde, de la confronter avec d’autres points de vue, d’attendre un concept plus avantageux, plus sûr, mieux réfléchi.
Nous avons tous à gagner de cette vision « pensée » du progrès, faite de contradiction, de débats nourris, mais également construite sur des fondations solides.
J’en conclurai par ces mots : la progression de l’aveugle est encore longue et incertaine. Cependant, tous les moyens sont justifiés pour arriver à sa destination, encore faut-il les soumettre à épreuve et ne pas se tromper de voie…
Jordan Kehl, Vice-Président du CHEL, pôle liégeois des CHEFF